6 qualités à développer pour devenir un(e) athlète

Récemment, pendant une séance de renforcement musculaire avec la section féminine du Pôle Espoir Île-de-France de basket-ball – où j’interviens depuis septembre dernier -, une des joueuses m’a dit : ‘’J’ai envie de dunker. Tu penses que c’est possible ?’’

À 1m66, et n’ayant pas les mêmes avantages physiques que possèdent ses homologues masculins (pour en savoir plus : article de Décathlon sur les différences physiologiques entre hommes et femmes dans le sport), j’ai dû lui annoncer que la tâche s’annonçait extrêmement compliquée, pour ne pas dire impossible. 

Cependant, en discutant plus amplement, elle m’a fait comprendre que son objectif était surtout de développer au maximum ses capacités athlétiques. À partir de là, je lui ai dit que j’allais me pencher sur le sujet pour essayer de lui présenter au mieux toutes les qualités qui composent, selon moi, un athlète. En commençant à organiser mes idées, j’ai réalisé qu’il serait intéressant de pousser le sujet un peu plus loin et d’en faire un article, dans l’optique que cela puisse servir à plus de monde.

Note : pour chaque qualité, je m’inspire principalement du basket-ball pour exprimer mes idées. Libre à vous d’imaginer des exemples similaires dans votre sport.

#1 La détente verticale

Commençons par aborder l’objet de la demande initiale, avec l’un des éléments qui vient le plus facilement en tête quand on parle de qualité athlétique : la détente verticale. Il est important de faire rapidement une distinction entre la détente verticale sans élan et la détente verticale avec élan, car les deux ne font pas exactement appel aux mêmes compétences. En effet, il est possible d’avoir une très bonne détente verticale sans élan mais de ne pas réussir à gagner beaucoup de centimètres en ajoutant de l’élan avant le saut. 

Ensuite, il faut s’intéresser à la stratégie de mouvement utilisée pour réaliser le saut sans élan : est-ce que l’athlète descend bas sur ses jambes (voir exemple ci-dessous), ou est-ce qu’il descend à peine et saute rapidement ? Si la première stratégie peut permettre une meilleure performance, cela s’explique par une impulsion plus longue, ce qui signifie plus de temps pour produire de la force, et donc une plus grande production de force totale dans l’exécution du saut. 

Exemples de sauts sans élan avec Jonathan Clark, dunkeur professionnel

Cependant, dans un sport comme le basket-ball, il est très rare de disposer d’autant de temps pour produire de la force sans se retrouver en retard sur l’action (comme lors d’un duel au rebond par exemple). Ainsi, la deuxième stratégie, plus rapide – faisant appel à des qualités plus ‘’élastiques’’ au niveau musculo-tendineux –, semble être l’option la plus avantageuse dans un environnement sportif compétitif (quitte à sacrifier quelques centimètres). De plus, la première stratégie devient totalement impertinente lorsqu’on ajoute de l’élan avant le saut. 

Concernant la détente verticale avec élan, il faut aussi nuancer le propos : certains athlètes sont capables d’excellentes performances en utilisant toujours la même approche avant de sauter. Bien que cela dénote de qualités athlétiques sûres, la pratique sportive représente un environnement chaotique, où l’on ne peut pas toujours faire exactement ce que l’on veut, mais où l’on fait ce que l’on peut en fonction des circonstances données.

Pour cette raison, je trouve plus impressionnants les athlètes capables de réaliser d’excellentes performances de détente verticale à partir de plusieurs types d’impulsion (à 1 pied ou à 2 pieds), avec des élans différents et des positions corporelles variées. 

Ces éléments permettent à un athlète de disposer de plus de variabilité de mouvement, donc de plus de possibilités en situation de jeu. Bien qu’ils aient leur approche préférée grâce à laquelle ils sont capables de réaliser leur performance maximale de détente verticale, la (meilleure) hauteur moyenne atteinte sur chaque type de saut leur offre un avantage non négligeable.

Ja Morant, possédant une détente verticale hors du commun, est capable de sauter avec des impulsions à 2 pieds ou à 1 pied

#2 L’opérationnalité et l’état de forme

Venons-en maintenant à un aspect athlétique auquel on ne pense pas forcément de premier abord, mais qui est selon moi primordial : être opérationnel. J’entends par là l’aptitude à éviter au maximum les blessures, et à être le plus souvent possible aux alentours de 100% de ses capacités. Au-delà d’un facteur chance non-négligeable, une telle résilience nécessite une attention toute particulière dédiée aux différents facteurs de récupération que représentent le sommeil, la nutrition, la respiration et la gestion du stress. 

De plus, un corps résilient se construit notamment en salle de musculation, à travers du renforcement musculaire raisonné, un travail de prévention ainsi qu’un développement de mobilité. L’objectif est de conserver des muscles, des tendons et des articulations en bonne santé, prêts pour faire face aux diverses demandes et aux différents ‘’dangers’’ rencontrés, tant dans le sport que dans la vie quotidienne.

De même, il est important d’apprendre à connaître son corps et à l’écouter, car cela va participer à la gestion de sa charge d’entraînement dans l’idée d’éviter le phénomène de surentraînement (et tous ses effets néfastes associés).

En traitant tous ces paramètres de manière adéquate, l’athlète va être capable d’avoir une certaine longévité dans sa pratique sportive, tout en conservant du mieux possible ses qualités athlétiques au fil des années. Je vous laisse ci-dessous un article décrivant l’investissement de Chris Paul, meneur de jeu des Phoenix Suns, pour optimiser son état de forme.

https://trashtalk.co/2022/02/03/chris-paul-depense-un-million-de-dollars-chaque-annee-pour-rester-en-forme-tiens-on-comprend-mieux-pourquoi-il-ne-vieillit-pas

#3 L’endurance spécifique

Cette caractéristique athlétique rejoint le point précédent, mais sur l’échelle d’une seule rencontre ou d’un seul évènement sportif. En effet, un athlète doit être capable d’utiliser son potentiel athlétique de la première à la dernière seconde. Cela implique de pouvoir répéter les efforts tout au long du match ou de l’évènement sportif en gardant la même intensité, la même qualité de mouvement et la même lucidité.

Ces paramètres se basent sur des capacités d’endurance générale et d’endurance spécifique au sport pratiqué, ainsi que sur une aptitude de récupération entre chaque effort. De même, l’athlète va devoir disposer d’un système nerveux apte à converser de bonnes activations neuromusculaires et de bonnes mécaniques de mouvement, dans l’optique de rester efficace et de limiter les risques de blessures (surtout lorsque le corps est dans un état de fatigue).

#4 L’accélération et la vitesse

Relativement à l’accélération et à la vitesse, les exigences varient selon les sports. Cependant, on retrouve invariablement la notion d’espace lorsqu’il s’agit de ces compétences. Offensivement, de bonnes qualités de vitesse et d’accélération permettent de prendre de l’avance (et garder cette avance) sur la défense adverse, afin de disposer de plus d’espace pour développer son jeu. 

Cela peut s’observer aussi bien lors d’une phase de contre-attaque que lors d’une phase d’attaque placée, où l’attaquant serait capable de prendre de vitesse la défense et de créer un ‘’décalage’’ en seulement quelques pas (la première situation faisant plus appel à la vitesse, et la deuxième faisant plus appel à l’accélération).

Inversement, en situation défensive, de bonnes qualités de vitesse et d’accélération permettent de pouvoir limiter l’espace disponible aux adversaires, en freinant une contre-attaque ou en empêchant à une attaque placée de trouver une ‘’ouverture’’.

De’Aaron Fox, meneur de jeu des Kings de Sacramento, est l’un des joueurs les plus rapides de NBA

#5 L’agilité

Cette partie est plutôt fournie, car l’agilité englobe de nombreux composants. Tout d’abord, un athlète disposant d’un large éventail de mouvements et de footworks divers et variés aura accès à plus de solutions en situation de jeu pour prendre à revers la défense adverse. Cette habileté à produire de la force au sol de plusieurs manières différentes, en variant les types d’appui (impulsion à 1 jambe et avec chaque jambe, impulsions à 2 jambes en variant le rôle de chaque jambe, …) s’associe à la dextérité des membres supérieurs pour maximiser son efficacité. 

De même, l’athlète doit être capable de contrôler son corps et ses membres corporels lorsqu’il est en l’air – encore plus s’il y a contact avec un adversaire dans cette disposition – afin ne pas se faire déséquilibrer et de pouvoir réaliser correctement l’action qu’il désire. Cette idée s’inscrit dans la notion de schéma corporel, qui comprend également d’autres éléments :

  • Naviguer aisément entre les autres acteurs du jeu (adversaires et ses coéquipiers), en ayant conscience de leur position dans l’espace
  • Pouvoir s’équilibrer dans différentes positions, et se rééquilibrer rapidement lorsque c’est nécessaire (notion de proprioception et d’équilibration)
  • Savoir utiliser ses qualités athlétiques de manière adéquate (ce qui implique, parfois, de ne pas faire usage de certaines de ces qualités consciemment)
https://www.youtube.com/watch?v=FMOzT8e3K-Q
Admirez l’agilité défensive de Davion Mitchell – personnellement, je suis impressionné par son retour défensif à 2min45

De manière plus générale, l’agilité s’observe aussi à travers l’aptitude à changer de direction abruptement (et de manière répétée dans certaines circonstances), la capacité à changer de rythme et à évoluer à plusieurs vitesses, ainsi que la fluidité d’enchaînement entre des mouvements différents (par exemple, au basket, la vitesse de transition entre un dribble et un tir). 

En outre, il serait impensable de ne pas mentionner le potentiel de décélération comme un facteur essentiel de la performance aujourd’hui, tant offensivement (pour se créer de l’espace) que défensivement (afin de limiter au maximum l’espace disponible à l’adversaire). Enfin, la coordination main-œil doit être suffisamment développée pour harmoniser les mouvements du corps avec le système visuel. 

Exemple de l’utilisation de décélération en situation d’attaque au basket-ball

#6 Les capacités spécifiques au sport

Terminons par ce qu’on peut nommer les ‘’capacités spécifiques au sport’’. Cette partie prend comme exemple le basket-ball, bien que les quelques points que je m’apprête à aborder soient aussi pertinents dans certains autres sports. Relatif à cette compétence, en situation défensive, un athlète sérieux doit pouvoir prendre et absorber des contacts tout en restant équilibré et en bonne position. Offensivement, il faut également savoir utiliser son corps pour initier du contact et se créer de l’espace – en respectant bien évidemment les règles du sport en question.

Dans les 20 premières secondes vous pouvez observer l’art d’absorber le contact selon Jrue Holiday

Dernièrement, la vision de jeu fait partie intégrante des différentes qualités de ce qui constitue l’athleticism (terme anglophone désignant la combinaison des qualités caractéristiques d’un athlète). En effet, l’habileté à lire le jeu plus rapidement que les autres, ainsi que la connaissance des différents systèmes et différentes stratégies (aussi bien en attaque qu’en défense) offrent un avantage certain pour la performance. 

Voilà, je viens de vous présenter ce qui constituait, selon moi, un athlète. Cette liste d’habiletés n’est sans doute pas exhaustive, mais elle permet de donner une image globale de ce qu’est ‘’l’athlétisme’’. Et pour vous, qu’est-ce qui fait un (bon) athlète ? N’hésitez pas à partager votre avis dans l’espace commentaire ! 

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